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 L'Avenir est un long passé [...sais pas, à voir]

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Jaymaël Edwards
Jaymaël EdwardsNombre de chapitres écrits : 433
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MessageSujet: L'Avenir est un long passé [...sais pas, à voir]   L'Avenir est un long passé [...sais pas, à voir] 740834mini1Ven 20 Jan - 19:26
Il s'était tut. L'Homme. Au point même que le Loup se demandait s'il allait un jour revenir, s'il restait quelque chose de lui quelque part, au fond de son ventre. Il n'avait jamais réfléchi à la singularité de la situation, parce que l'animal, contrairement à l'Homme, se moque bien du pourquoi. Il prend ce qu'on lui donne, puis s'adapte. Il ne cherchera pas à rebrousser chemin, à se demande comment aurait été sa vie "si...". Autant de tergiversations inutiles sont le propre de cet être marchant sur deux pattes, nu et sans armes naturelles, mais pas celles du Loup.
La nuit, le silence... ou presque. Des milliers de bruits glissent dans la brise nocturne, des proies, des chasseurs, tout est si bien hiérarchisé, et aucun de ceux qui sont en bas ne cherchent à être plus haut que ceux qu'ils ont au-dessus. Tout est si simple.
Assis, impassible, le Loup écoutait. Il n'avait pas faim, il ne bougerait donc pas malgré les "appels" si évidents de chaque créatures comestible qui s'affairait non loin. Le pouvoir du prédateur était là : choisir de tuer ou non. En l'occurrence, ce n'était pas tout à fait un choix. Il voulait manger : il tuait. Il était rassasié : il laissait partir la créature, qui n'avait bien souvent même pas conscience qu'il s'agissait de son jour de chance.
Facile. Evident.
Mais cette fois, quelque chose troubla la nuit, elle ne fut pas comme les autres. Des lueurs, des cris, une agitation manifeste provenait du lieu que le Loup évitait soigneusement : la bâtisse de pierre. Il ne devait pas y retourner sinon... sinon quoi ? Il souffrirait. Il le savait. Il ne pouvait pas l'expliquer, mais le savait, et l'Homme, s'il était encore là, le savait aussi. Il aurait mal s'il retournait là-bas. Pourtant, une force étrange le fit hésiter. Quelque chose l'appelait, vers le danger, vers ce combat farouche qui prenait place chez les Hommes. Le Loup ne voyait pas un visage, il ne se souvenait que d'une odeur, mais cela suffisait. C'était idiot. En quoi une passion pouvait-elle être plus puissante qu'un instinct ?
N'empêche-t-elle pas de manger, n'ôte-t-elle pas la faim ?
Les bruis habituels de la nuit passèrent au second plan, presque étouffé par les cris. C'est à cet instant que l'Homme se réveilla, un peu. Il avait peur, il avait mal, il était inquiet. Le Loup savait pourquoi, mais il aurait voulu le convaincre que ça ne le regardait pas. Il ne pouvait pas, c'était un échec par avance.
Quelques instants plus tard, le Loup se tenait à l'orée de la forêt. Sa limite, il l'avait franchie depuis longtemps. Il luttait contre sa propre nature pour être là, entrer dans le combat d'Hommes armés de bâtons de bois qui luttaient pour une cause qu'il ne pourrait jamais comprendre.
Il lui suffisait de la trouver, de la protéger, et il pourrait repartir, comme une ombre qu'il était. Peu importait qu'elle lui parle ou non, qu'elle l'aime ou non, le Loup s'en moquait, l'Homme s'obligeait à ne plus espérer.
Passant par derrière, l'animal contourna le coeur du combat. Il cherchait une odeur, une voix, un regard bien précis... qu'il trouva, attaquée par une forme noire qui ne sentait que le mal. Le Loup procéda de la même façon que dans la cabane de l'Homme : il s'interposa. Mais il ne connaissait rien en la magie, et ne bougea donc pas lorsqu'une lumière de la même couleur que l'herbe du printemps le frappa de plein fouet.

Un sursaut. Une inspiration forcée comme après trois minutes d'apnée. Il se réveilla, et il su, dès les premiers instants, qu'il était revenu. Jay', l'Homme, celui qui avait fuir ne sachant que faire de mieux. En quelques secondes, il reprit ses esprits. Allongé par terre en plein coeur de la forêt, il se demanda un instant pourquoi il avait repris sa forme. Puis, il fut rassuré que la vision précédente ne fut qu'un rêve, un bien étrange rêve. Enfin, il se questionna sur les événements passés. Il était revenu à son poste, mais n'avait pas pu y rester. Il avait essayé...mais impossible. Quelque chose l'appelait ailleurs, ou le repoussait de là-bas. Le froid le saisit. Il n'était pas plus vêtu que le Loup. Il chercha à se lever, mais ne contrôlait plus rien. Plus d'équilibre, plus de repères. Il se sentait aussi fragile et faible qu'un enfant qui apprend à marcher pour la première fois. Contraint de s'appuyer contre l'arbre derrière lui, il le reconnu lui et l'endroit dans lequel il se trouvait. C'était là qu'il dormait, le Loup, et donc c'était aussi l'endroit où lui, Jay' avait laissé quelques vêtements lorsqu'il partait les nuits de pleine lune. Il fouilla fébrilement les fourrés alentours et en sortit un pantalon de toile noire et une cape. Ce serait suffisant pour regagner la cabane. Il les enfila d'autant plus rapidement qu'il commençait à greloter de froid, rabattit la capuche sur sa tête et se mit en route d'un pas mal assuré. Le Loup avait gardé avec lui toute son aisance dans les mouvements, sa vision de nuit, son instinct et son bon odorat. Heureusement, il connaissait le chemin du retour.
Il marchait depuis quelques minutes à peine lorsqu'une branche craqua non loin, et un grognement roque se fit entendre. Jay' tourna la tête. La forêt était peuplée de loups, et pas seulement par lui. Un autre se tenait là, montrant autant de dent qu'il pouvait en dévoiler. Figé, le garde chasse se contenta de le regarder... Lui-même surpris, il n'avait pas si peur que cela. Le loup hésita, paru humer l'air, puis recula, et partit. Rassuré mais toujours étonné de cette scène, Jay' repris son chemin et atteignit sans plus d'encombres la clairière.

Il était étrange de revenir. Il connaissait tout, les gens, les lieux, et même les plantes. Et pourtant il se sentait comme un étranger, comme s'il n'était plus à sa place. Il avait été heureux de son métier, mais là, il ne savait plus quoi penser. Il ne savait plus ce qu'il voulait. En réalité, il avait peur. Le Loup savait oublier, mettre de côté ses émotions à lui, humain, mais Jay' ne savait pas, il en était l'esclave. Revenir l'exposait à des souvenirs qui lui feraient mal. Peut-être était-il mieux pour tout le monde qu'il ne vive que dans la forêt qu'il reste loup pour toujours.
Mais il était redevenu lui-même contre sa volonté, cela signifiait bien quelque chose. C'est en tout cas ce fait là qui décida le garde chasse à sortir de la lisière pour regagner sa cabane. Il l'avait grossièrement réparée après l'incendie... Et déjà, les visions de ce qui s'était produit lui revenait en tête. Il revoyait les chaines au dessus de la tâche de sang incrustée dans le parquet vieilli, il sentait encore cette odeur de fumée, il vit le fauteuil renversé sur lequel elle se tenait... et que Jay' ne redressa pas.

Dehors, il y avait probablement tout à refaire... si toutefois le garde chasse n'avait pas été renvoyé. Il supposait pourtant que ce n'était pas le cas, puisque personne n'avait habité la cabane depuis son départ. Il avait un instant espérer trouver quelque chose, un signe, une lettre peut-être... de n'importe qui, juste la trace d'une inquiétude, d'une interrogation. Mais il devait se rendre à l'évidence, il ne manquait à personne ici, tout le monde était préoccupé par autre chose de plus important. Il n'en fut pas peiné, c'était bien normal après tout.
La bouteille de whisky était restée sur la table et, par réflexe, il en prit une gorgée.
Est-ce que quelque chose avait vraiment changé entre les deux gorgées, celle avant de partir et celle qu'il venait de prendre ? Peut-être que le jour suivant lui répondrait. En attendant, il devait s'obliger à reprendre un rythme inversé et dormir.
Mais il ne put y parvenir. Allongé, il garda les yeux ouverts, fixés sur le plafond de bois. Quelque chose semblait avoir changé : il parvenait à ne plus penser.

Mais quelque chose ne changerait jamais : il l'aimait.
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